Silence assourdissant
Il m’a dit qu’il rêvait de se jeter dans une vie avec moi, et de danser tout près de mes fêlures. Ainsi, s’en est suivi un silence, pénétrant et bruyant. Je n’ai pas su quoi dire, je n’ai pas su trouver la réponse à cette confirmation, à cette volonté d’engagement qui me paraissait être comparable à un saut dans le vide.
Mais que dire à quelqu’un qui vous veut éperdument, à quelqu’un qui est prêt à vous aimer jusqu’à l’épuisement ?
Alors mon silence m’a paru long, les mots étaient là, quelque part pourtant aucun n’a voulu franchir le seuil de mes lèvres. Je fixais le vide et je repensais à mes étreintes et cette tempête pleine de souvenirs m’a envahie : le passé et ses blessures encore fragilisées.
Je voyais en lui une forme de rédemption, un pardon, celui que la vie me proposait : un nouveau départ, une nouvelle histoire et peut-être que le bonheur se trouvait là, au coin de ses bras.
Mais savait-il que je ne suis qu’un tas de ruines ? Peut-être tentait-il de tenir entre ses mains mes failles, peut-être pensait-il pouvoir s’engouffrer dans ces fondations brisées pour tenter de me sauver.
Ce combat est perdu d’avance, parce que rien ne peut sauver ce qui est détruit, le rôle du sauveur n’est pas un jeu auquel nous aimons jouer, parce que je briserai ce qu’il croit percevoir en moi et je ferai disparaître son espoir. Mais il essaiera, avec tendresse, avec l’arrogance inconsciente de ceux qui croient pouvoir aimer plus fort que la douleur.
Je me suis contentée de ce silence, long et cruel, de ce vide dans lequel il a dû puiser des réponses. Je me suis tue parce que chaque mot peut sembler être un promesse que je ne serai en mesure de tenir. L’amour et la peur se heurtent, mais peut-être était-ce là la preuve que même dans la noirceur, il existe des âmes capables de vous voir autrement… pas comme de simples fragments d’une existence.